dimanche 30 octobre 2016

Le Ruisseau de mon enfance

Ce chapitre conçu avec l’étroite collaboration de mon frère et ami Rachid Seba, est dédié à tous mes amis du Ruisseau.

Ces photos accompagnées d’une interprétation et d’une mélodie musicale pour la partie vidéo peuvent être soumises à des droits d’auteur.

1.      L’EX USINE BLACHÈRE ET SES FILS – LE HUSSEIN-DEY-

Photo prise le 27 août 2015


Digne fleuron des grandes industries de l’époque, l’ex usine Blachère et ses fils – insistons sur la filiation – aura longtemps fait parler d’elle.
Fondée en 1925, aussi vieille que son nom, l’ex usine Blachère et ses fils fut spécialisée dans les constructions métalliques, la matériel vinicole et les pompes de huilerie et de pompage à eau …
On voit hissée à la droite de la photo, tel un fanion, une plaque métallique de couleur bleue qui porte l’inscription « réparation de pompes Recta ». Le « Blachère et ses fils»  d’aujourd’hui, n’est à ma connaissance qu’un simple réparateur de pompes qui s’est « arrogé » depuis bien longtemps le label « Recta ».
Grisée par la monotonie, l’ex usine Blachère et ses fils semble avoir perdu son éclat lumineux depuis belle lurette. Il est bien loin le temps où Blachère et ses fils régnaient en grand maître sur cet univers industriel. Une époque où le Hussein-Dey, rue Brossette, promenait l’étoffe d’une grande ville industrielle ou le nouvel Ambert.
Un ton morne et gris enveloppe cette photo qui nous rappelle les premières manufactures anglaises de l’époque de la reine Victoria.
On parlera pour la circonstance, de Mr Bousson, excusez l’orthographe, un brillant ingénieur diplômé de l’école les arts et les métiers de Paris. Une éminente matière grise que j’ai eu le privilège de connaître lors d’une visite effectuée en compagnie de mon père dans l’ex usine Blachère et ses fils, en 1968. Je venais d’avoir quinze ans.



2.      L’EX USINE SIDESAL – I – LE HUSSEIN-DEY-

Photo prise le 27 août 2015


On distingue sur la photo la porte d’entrée de l’ex usine SIDESAL d’Hussein-Dey. Elle présente la forme d’un arc dont le sommet est pourvu d’une nervure, symbole de richesse et de noblesse, disait-on. Elle est formée d’un claveau et d’un sommier sur lesquels repose un piédroit. L’extrémité de l’imposte est projetée vers l’extérieur. Les fenêtres, dites arc en anse de panier, disposent uniquement d’un claveau. Le voussoir n’étant pas apparent et les parties saillantes de l’imposte se retrouvent, tout comme celles des portes, dirigées vers l’extérieur.
Un merveilleux style artistique où l’architecte aborde un thème d’une même composition géométrique, peu variée. Chaque ligne, trait, élément … que l’on voit sur la photo s’accordent à faire parler d’eux et à faire revivre un nouvel art de vivre qui a pour nom SIDESAL.
Une couleur rouge qui incarne la fureur de vivre du siècle passé. Une couleur blanche, signe de pureté, de virginité et de paix … Cette fois, SIDESAL aura résisté tout de même jusqu’à « l’extinction des feux ».


3.      L’EX USINE SIDESAL –II – LE HUSSEIN-DEY-

Photo prise le 27 août 2015


Un style de construction importé d’Irlande, que l’on voit généralement dans la Louisiane, et qui n’est pas sans rappeler l’esprit d’une chapelle. Remarquons la toiture, ou châssis vitré, une œuvre habilement exécutée où dominent la clarté, la lumière et l’aération … Tout un art de ferronnerie où brille le vitrage et où se mêle peu la charpente métallique.
Un vitrail qui servira également de revêtement pour les différentes toitures ou coupoles de ces beaux immeubles de la rue de La lyre, de Charras,  de Cervantès, de Mulhouse … et de tant d’autres.
N’oublions pas les pompes SICLI Afrique, les pompes GUINARD, les pompes MENGI, les pompes ASTER, les pompes FARGET, les pompes BAYARD, les pompes LOUNI
Le narrateur déplore que l’ex usine DURAFOUR, fer de lance de l’industrie de l’époque, pourtant située dans la même lignée que ces dernières, ait été privée de photo.


4.      LES EX Ets BROSSETTE ET SES FILS –I – LE HUSSEIN-DEY-


                                                                                                                  Photo prise le 27 août 2015




Une expérience bien originale que le photographe a bien voulu réaliser avec un vieil appareil photo de marque Kodak, illustre et unique témoin de l’époque. Le développement de la pellicule a été effectué dans un laboratoire photo à Alger. La qualité de l’image y est réussie grâce au traitement de bains spécifiques à ce vieux procédé. Le photographe s’est imprégné du cadre de cette première photo « Jomone » pour mieux faire ressortir les détails y afférents à cette époque (cliché, lieu, heure, saison…). Peine perdue, selon les uns. Réussi, selon d’autres. Il est utile de rappeler que la photo légende n’étant pas en sa possession, ce jour là. Voyons tout de même ce que nous offre l’avenir incertain, plus de 60 ans après.
Nous sommes au mois d’août. C’est la période des congés annuels. Les rues sont désertes en ce mois de grandes vacances et les ex Ets Brossette sont fermés. On aperçoit mal sur la photo l’ex immeuble des vins Pernod, à demi-caché par ce gigantesque ensemble mur-rideau, siège de la firme sud-coréenne HUYNDAI. On distingue mal également le fameux Pont Lafarge, bel ouvrage des ingénieurs du génie-civil de l’époque.

5.      LES EX Ets BROSSETTE ET SES FILS – II – LE HUSSEIN-DEY-

Photo prise le 27 août 2015



Une couleur d’un bleu ardoise témoigne encore de la chaleur des vieux murs des ex Ets Brossette qui conserve à ce jour un arrière goût de l’époque. Comme qui dirait, une légère touche de Zola qui réapparaît sous un jour nouveau aigri par l’âge et terni par le nombre des années ingrates.
Longtemps spécialisés dans la diversification des produits, dits de hautes technicité, les ex Ets Brossette disposent de toute une gamme variée de matériaux de construction : fabrication, commercialisation et vente de profilés en acier, poutrelles, tréfilés, profilés spéciaux, couverture et habillage métalliques, ciments, dynamite, explosifs et accessoires de tir …
Fondés en 1841, les ex Ets Brossette furent les premières industries coloniales à fouler la brousse africaine. Ils porteront la dénomination de F. Brossette et Cie, des Ets Brossette et fils, de Brossette Valor et eurent pour conseillers, présidents et administrateurs généraux, les personnalités suivantes : Henri Brossette, Paul Brossette, Pierre Lacroix, Franck Cartier, Robert Dussaux, Jean Marette, Christian Permezel, Pierre Dède … Les ex Ets Brossette disposent d’un bureau au 40, rue du Président Pré-Gaudy à Lyon et d’un siège au 7, rue Kléber à Paris (16).
A chaque nouvelle étape de leur vie de grand-maître industriel, Brossette et ses fils créent un nouveau look et feront parler d’eux. A chaque moment important de leur histoire, Brossette et ses fils investissent dans un nouveau créneau et marquent des points. Qu’ils soient en Afrique noire (Occidentale ou Équatoriale) en Algérie, en Tunisie ou dans d’autres contrées lointaines, Brossette, Durafour, Hamelle, Blachère, Ducro d’Oran, L’Union Industrielle Africaine de Maison-Carrée … auront contribué au rayonnement du fer, de l’acier, du bronze, de la fonte, de l’aluminium, en Afrique et ailleurs …
Les ex usines Brossette Algérie furent absorbées par le géant N° 1 du fer et de l’acier Arcelor Mittal dont on voit les caractères portés sur les murs de l’entrée de l’usine. Ce dernier cédera la totalité de ses actions estimées à 70% à l’État algérien et quittera définitivement l’Algérie.
Souvenons-nous de ces petites portes de protection en fonte striée, munies d’un fermoir vers le haut, sur lesquelles on y lit l’inscription Brossette, et qui serviront de caches pour les compteurs à gaz et à eau que l’on voit jusqu’à ce jour dans les quartiers populaires d’Hussein-Dey.
Les Ets Brossette furent représentés sous quatre signes distinctifs :
-           La première armoirie laisse apparaître un lion majestueusement hissé sur ses pattes arrières. Un symbole de puissance et de virilité, qui fut à son apogée en cette fin du XIXe siècle, et qui demeure à ce jour le label des limonaderies Hamoud Boualem et des ex Cafés Nizière.

-           Le second logo incarne l’image emblématique de la vieille tradition séculaire des Biwacht. Une photo légende où l’on voit au loin la silhouette d’un pionnier suisse aguerri, debout et posant en grand conquérant, sur le sommet d’une verte prairie helvétique. Un chapeau à large bord sur la tête, un piolet à la main droite, ce chef louveteau saura véhiculer la légende de l’homme suisse, digne défricheur des temps anciens.

-           Le troisième insigne représente une gamme variée de métaux lourds. On y aperçoit de très près le V de Valor auréolé de deux profilés, en forme d’ailerons, au niveau de chaque extrémité.

-           Quant au quatrième et dernier écusson, c’est tout le continent de l’Afrique Occidentale Française, vu du ciel, et chasse gardée des ex Ets Brossette, qui est représenté sur une carte de géographie. A sa gauche, on y distingue une vue en perspective des ex usines métallurgiques Brossette .

Implantés dans la quasi-totalité des terres de l’ex Afrique Occidentale Française, les ex Ets Brossette attribuèrent à leur division Afrique l’appellation de Société Africaine des Ets Brossette, de Société équatoriale des Ets Brossette et de Société tunisienne des Ets Brossette.
Savorgnan de Brazza, Livingstone, Stanley, furent les premiers missionnaires à avoir exploré l’Afrique. Brossette aura été sans doute le premier industriel à avoir jeté les jalons d’une nouvelle ère industrielle sur le continent africain. L’Afrique a-t-elle su relevé le défi ? Qu’en est-il aujourd’hui ?à Port-Etienne actuel Nouadhibou capitale de la Mauritanie.
-         à Dakar capitale du Sénégal.
-         à Bamako capitale du Mali.
-         à Conakry capitale de la Guinée.
-         à Lomé capitale du Togo.
-         à Abidjan capitale de la Côte-D’Ivoire.
-         à Ouagadougou et au Burkina ville et capitale de la Haute-Volta.
-         à Cotonou et au Dahomey ville et capitale du Bénin.
-         à Zinder, à Maradi et à Niamey villes et capitale du Niger.
-         à Douala, au N’gaoudéré et à Yaoundé villes et capitale du Cameroun.
-         à Port-Gentil et à Libreville ville et capitale du Gabon.
-         à Pointe-Noire et à Brazzaville ville et capitale du Congo.
-         à Bangui capitale de la République Centrafricaine.
-         à Fort-Lamy actuel N’djamena capitale du Tchad.
à Tunis… avenue de Madrid capitale de la Tunisie.


6.      LES ABATTOIRS DE LA RUE DE POLIGNAC -I- LE HUSSEIN-DEY-

Photo prise le 27 août 2015


Qui aura prédit un instant que ce sont les grands abattoirs du Ruisseau, que l’on voit sur la photo ? Construits selon les vieilles techniques de l’époque, les abattoirs du Ruisseau dissimulent dans leurs entrailles un véritable abri souterrain. Un enchevêtrement de barres métalliques dans les sous-sols des abattoirs nous renseigne sur le supplice impitoyable infligé à ces pauvres créatures avant leur passage à l’acte rituel.
On voit sur la photo, l’entrée des vieux abattoirs du Ruisseau. C’est ici, que venaient s’approvisionner la boucherie Alger-viandes du Ruisseau, les casernes militaires, les cantines scolaires, les réfectoires populaires et n’oublions pas, Khiar le gargotier du Ruisseau. Même Fuji Film, le leader  japonais de la photo, fait partie de la clientèle attitrée des abattoirs du Ruisseau.
N’oublions pas la Société Industrielle et Commerciale des Abattoirs Frigorifiques d’Afrique …(S.I.C.A.F.A) qui fut transférée en 1955 à Ouagadougou au Mali, sous la dénomination de Usine d’Emballage Industrielle et Frigorifique et qui se situe loin, derrière les grands abattoirs du Ruisseau.

7.      LES ABATTOIRS DE LA RUE DE POLIGNAC -II- LE HUSSEIN-DEY-

Photo prise le 27 août 2015



1928, telle est l’inscription gravée sur le fronton de l’entrée principale des vieux abattoirs du Ruisseau. On voit sur la photo de belles maisons de montagne en forme de chalets, vieille figure d’un passé colonial révolu. Un mode de construction prédominant dans le sud-est de la France. Elles abritaient à l’étage supérieur le siège de la direction générale. Au rez-de-chaussée, s’y trouvaient les services du personnel, des achats et ventes, et des finances …
Naguère, à une trentaine de mètres de l’entrée, un tourniquet imposait un passage réglementé à un cheptel à l’allure déchaîné.

8.      LES ABATTOIRS DE LA RUE DE POLIGNAC -III- LE HUSSEIN-DEY-

Photo prise le 27 août 2015


Les grands abattoirs du Ruisseau. Un nom aux consonances sinistres pour des maisons de rêve qui réapparaissent de nouveau, comme pour effacer la mémoire indélébile de ces innocentes victimes. Les vieux abattoirs du Ruisseau, un hécatombe de têtes de bétail doté d’un équipement sophistiqué en son temps, toujours performant en ce siècle.
Aux abattoirs du Ruisseau, il n’y a pas que l’abattage. Il y’a aussi ces beaux chalets savoyards où viennent se greffer les tiges ligneuses d’une courge qui semble défier l’atmosphère cruelle et invivable de l’endroit.



2- LES GRANDES AVENTURES II

8.A. LA LÉGENDE DES MOUTONS DE LA MOUTONNIÈRE

La définition qui suit ne repose sur aucune référence bibliographique. Elle est le fruit d’une longue recherche menée par le narrateur.
On se demande pourquoi les pouvoirs publics ont attribué l’appellation de route moutonnière* à cette grande artère des Sablettes et du Onze bloc. Pour cela, décryptons d’abord la signification du mot mouton, qui emporte plusieurs nuances, et dont l’origine se trouve, pour ce qui nous concerne, dans cette relation triangulaire : ciel, mer, terre. Observons une nouvelle fois, et de très près, cette composante pyramidale, objet de nos travaux, et ses conséquences psychologiques qui iront influer sur le quotidien de ces innocentes victimes qui, frappées d’un implacable anathème, durent affronter le dur parcours de la marche forcée et se résigner finalement à leur triste sort.

Moutons : C’est le nom que l’on donne à de petites lames couvertes d’écume qui se manifestent sous l’effet d’une brise qui, pendant le jour, souffle de la mer vers la terre. S’applique également en parlant de petits flocons de neige qui apparaissent dans un ciel, dit pommelé.
Moutonné : Se dit d’une formation de petits nuages blancs appelés cirro-cumulus dans le langage des météorologues. Leur forme crépue rappelle celle d’une épaisse toison bouclée que l’on observe sur la peau des ruminants.
Moutonner : Sert à désigner le fracas que font les vagues qui, en s’écrasant sur les rochers, laissent entrevoir une écume blanche. C’est le bris de ces vagues qui favorise la création de cette écume mousseuse. Il se dit aussi d’un ciel couvert de petits nuages de forme arrondie, de couleur blanche ou grise, le plus souvent assombris. Il est quelquefois annonciateur de mauvais temps.
Moutonneux : Désigne tout ce qui a trait au mouton. Il fait penser à une mer entourée de vagues, à un ciel enveloppé de nuages ou à un massif montagneux recouvert de neige.
Moutonnière : - C’est ici, que s’articule l’ensemble de l’objet de notre recherche - Qui ne fait que suivre passivement, docilement et « bêtement » à la manière d’un troupeau de moutons. Un terme qui sera attribué à cette longue route dite « moutonnière », qui va au-delà des Sablettes et du Onze-bloc et qui verra passer fréquemment le flot incessant et irrégulier de ce cheptel.
Écume : C’est le nom donné à une matière blanche et effervescente qui se forme en abondance sur la surface d’un liquide fortement agité. S’applique aussi à ce dépôt crémeux formé de petites bulles blanches qui recouvrent la surface d’un liquide gazeux en perpétuelle ébullition (champagne, bière, boissons gazeuses, propriétés ou substances chimiques …). Il fait penser de même à cette autre salive ou mousse qui s’écoulent ou s’échappent de la gueule de ces mammifères. Sauf, que ce liquide mousseux sécrété par ces derniers présente un aspect visqueux. Il s’agit d’une forme de répulsion qui exprime le rejet, le dégoût, le ras-le-bol, le mal de vivre. Elle est dite viscosité mentale chez les névrosés et précède un ralentissement psychique.
Onduler : Il désigne le mouvement oscillatoire des eaux de mer qui s’élèvent et s’abaissent sous l’action des vents. Il fait également penser à cet amas de laine frisée qui recouvre le corps de ces animaux. Ce trouble ondulatoire du niveau de la mer est dû à l’attraction exercée par cette formation de nuage sur la surface des eaux. Ce sont les fluctuations de ce phénomène météorologique qui iront agir sur les neurones de ces derniers et générer un déficit biologique. Et, c’est cette réaction aux retombées négatives qui est à l’origine de cette conduite dite moutonnière.
Selon les scientifiques, ce trouble appelé transport au cerveau va entraîner une modification neuro-végétative sur le système nerveux de ces derniers et peser lourdement sur leur comportement.

a.      LA NUIT DES LONGS COUTEAUX
Il y’a d’abord ce pressentiment né dans l’âme grâce auquel ces animaux peuvent prévoir ou  ressentir par avance certains évènements futurs de la vie. Il y’a aussi cette faculté à sentir de loin l’odeur subodorante d’une sensation pénible, ou le désir d’un coït amoureux. Ici, il s’agit des reflets néfastes de cette phénoménie : ciel, mer, terre, et ses répercussions nocives qui iront agir sur les fonctions cérébrales de chaque mammifère. On parlera d’une légère particule qui, après avoir observé un stimulus sur le cerveau ira se focaliser sur des jambes flageolantes et entraîner des troubles phobiques.

b.      Ô RAGE Ô DÉSESPOIR
L’appréhension de ce long parcours, tant redouté, car porteur des stigmates de la douleur. L’éveil de ce sentiment douloureux, rien qu’à l’idée d’effectuer, avec répugnance, ce long chemin. La crainte de se retrouver bientôt dans cette chambre funeste. L’éclat étincelant de la lame effilée et tranchante du couteau. La vue, la couleur, l’odeur … le tablier maculé de sang. Le bêlement plaintif, les cris, les râlements, l’horreur, la fin … Cette fois, les moutons de la moutonnière auront crié haut et fort leur rage et leur désespoir et braver courageusement leur destinée et mourir enfin d’une belle mort.

c.      LES CHEMINS DE L’ANATHÈME
Obnubilés par les durs caprices de la nature, jetés dans les bas-fonds de l’échaudoir, livrés à la cruauté de l’homme, les moutons de la moutonnière, qui en dépit de toutes les peines qu’ils se sont donnés pour ce dernier, n’auront gagné que le mépris et l’indifférence. Ils auront crée cependant, la légende de ces soldats d’hier, qui auront longtemps pavoisé sur l’artère des Sablettes, tout comme le furent en signe de reconnaissance, un demi-siècle après, les soldats d’aujourd’hui.

d.      LA TRISTE FIN DES MOUTONS DE LA MOUTONNIÈRE
Les moutons de la moutonnière iront rejoindre les merveilleux récits du Chien de Brisquet* qui « n’allit » qu’une fois au bois et que le loup "mangit"* ou ceux des Ânes de Péguy qui apportent le bois mais ne se chauffent pas ou encore ceux des chats* des champs « qui, à chaque fois qu’ils font leur toilette, c’est qu’il va pleuvoir, et nos récoltes sont perdues », disaient les méchantes gens de la campagne. Les moutons de la moutonnière, longtemps victimes de l’ingratitude des hommes, n’auront plus la force de se défendre, encore moins de se révolter, ni même personne, auprès de qui se plaindre et qui en fait, ne sont estimés que pour leur bonne chair, qui vaut la peine d’être engraissée.

Brisquet : Le temps grammatical employé dans le texte date de l’époque et appartient à l’écrivain Charles Nodier, l’auteur du "Chien de Brisquet".

Chats : « Tuons notre chat afin qu’il fasse beau temps » ou les merveilleux "contes du chat perché" de Marcel Aymé.

9.      L’EX CHEMIN VAUBAN – ACTUEL RUE FERNANE HANAFI -I- LE RUISSEAU-
Photo prise le 27 août 2015


On distingue sur la photo une légère partie du mur d’enceinte, côté vertical, de l’ex centre de formation et d’apprentissage des cours de broderie et de couture pour jeunes filles du Ruisseau. Derrière celui-ci, la cour de l’ex école. Il ne reste plus que ces vieux arbres qui pleureront le «Vauban des vieux et des beaux jours» et qui regretteront les cris de joie et les rondes de ces charmantes demoiselles. Cette fois, on se trouve à la croisée des chemins Vauban. On y domine, face à l’entrée de cet établissement scolaire une grande étendue de terrain nu. C’est ici, que se trouvaient la fontaine à poussoir, l’ex usine de lièges et bois « Saïd Limia », l’ex atelier des pompes SIMIA, transféré à Baraki et à Berrouaghia, les ex entrepôts de mécanique des freins Westinghouse et les ex locaux des toutes-puissantes clés Vachette


10.      L’EX CHEMIN VAUBAN – ACTUEL RUE FERNANE HANAFI -II- LE RUISSEAU-
Photo prise le 27 août 2015






Nous sommes face aux vieux murs de l’ex Ecole familiale. Un centre de formation et d’apprentissage destiné à l’initiation des jeunes filles aux travaux de couture et de broderie.
Le Chemin Vauban, c’est aussi cette longue allée où se retrouvaient  naguère les élèves de l’ex Ecole familiale, les ex locataires de la résidence universitaire et les ouvrières de l’ex boutonnerie Brahimia. Aujourd‘hui, ce charmant petit coin nous rappelle les guinguettes des vieux faubourgs de Paris, tout comme les aimait Auguste Renoir. Un bel endroit cédé par la municipalité à des jeunes ruisséens qui en firent le lieu attitré de la grillade, de la friture et de la rôtisserie (représenté en cercles rouges).  


11.      LA RUE RENÉ BAZIN - LE RUISSEAU -
Photo prise le 27 août 2015


La rue René Bazin, naguère quasi-vide, aujourd’hui, grouillante de monde et de voitures.
On imagine, ce qu’était cette rue, cinquante ans auparavant, presque vide. De mémoire d’enfant, c’est ici, dans cet immeuble de la rue René Bazin, que l’on y retrouva le plus grand nombre d’ouvrages dans les foyers, en 1962. Cette boulimie pour le livre est liée sans doute par la proximité de la Cité d’avec la Bibliothèque municipale et l’influence littéraire qu’aura exercé le nom de René Bazin sur les bibliophiles. Il faut reconnaitre également que l’ex école La Corderie, le Mirabeau, la maternelle, y sont pour beaucoup dans cet engouement pour le livre.



12.      LE MARCHE DE REVOIL - LE RUISSEAU -
                                                                                                          Photo prise le 27 août 2015

Le marché de Revoil, aussi vieux que ce calot de forme pyramidale qui lui couvre la toiture. Aujourd’hui, c’est samedi, jour de grande affluence. Il est 11h20 du matin, les riverains ont déjà fait leurs courses et tôt le matin.         
La Marché de Revoil, une belle et longue histoire le lie au Ruisseau. C’est aussi, un charmant petit coin où les ruisséens ont l’habitude de s’y retrouver chaque week-end, au milieu de la criée des poissonniers et des marchands de fruits et légumes, pour y parler des prochaines rencontres sportives prévues au Stade municipal, au J.U.D.B ou au Stade de Revoil. Cette fois, le photographe a bien voulu rectifier le tir en prenant de face le marché, contrairement à la précédente photo où les portes de ce dernier cadenassées offraient un spectacle lamentable.
Selon une étude réalisée, il y’a plus de 15 ans, par les services de ….. et relative à l’aménagement de chaque parcelle de terre du Ruisseau, il ressort que l’emplacement de marché de Revoil a été bien conçu et mieux réussi … Seule y fut lésée l’ex bibliothèque du Ruisseau.


13.      L’EX BAR L’ATLAS - LE RUISSEAU -
Photo prise le 27 août 2015



On se trouve tout près de l’ex pharmacie Sarigny. D’ici, on y domine aisément l’ex placette du Ruisseau, lieu favori des « jeunes loups ». Nous faisons face également au bar l’Atlas. Le cliché type de bistro que l’on rencontre sur les rives de mer de la Provence maritime. Un charmant petit coin corniche qui aurait inspiré Marcel Pagnol à y séjourner ici. Il dispose de deux entrées. L’une donne sur la façade principale et l’autre sur le côté latéral. La première, en forme de voûte cochère, nous mène directement sur une petite esplanade et est reconnaissable à ce store rouge à demi-ployé. La seconde, débouche sur un belvédère, aujourd’hui condamné par une porte métallique, peinte en noire, que l’on voit sur la photo. Il fut longtemps fréquenté par ces messieurs du genre matelot, habillés d’un bleu shangaï et coiffés d’une casquette marine. C’est ici, que régnaient en grand seigneur R… et sa grande famille. Et c’est ici, que Mr Poupenet venait quelquefois les samedis soir pour y étancher sa soif.
De cyber-café, à restaurant rôtisserie, à salon de coiffure… on aura tout vu, avec ces nouveaux héritiers .