Ce chapitre conçu avec l’étroite collaboration de mon frère et ami Rachid
Seba, est dédié à tous mes amis du Ruisseau.
Ces photos accompagnées d’une interprétation et d’une mélodie
musicale pour la partie vidéo peuvent être soumises à des droits d’auteur.
1.
L’EX USINE BLACHÈRE ET SES FILS – LE HUSSEIN-DEY-
Photo prise le 27 août 2015
Digne fleuron
des grandes industries de l’époque, l’ex usine Blachère et ses fils –
insistons sur la filiation – aura longtemps fait parler d’elle.
Fondée en 1925,
aussi vieille que son nom, l’ex usine Blachère et ses fils fut spécialisée dans les constructions métalliques, la matériel vinicole et les
pompes de huilerie et de pompage à eau …
On voit hissée
à la droite de la photo, tel un fanion, une plaque métallique de couleur bleue
qui porte l’inscription « réparation de pompes Recta ». Le « Blachère et
ses fils» d’aujourd’hui, n’est à ma
connaissance qu’un simple réparateur de pompes qui s’est « arrogé »
depuis bien longtemps le label « Recta ».
Grisée par la
monotonie, l’ex usine Blachère et ses fils semble avoir perdu son éclat
lumineux depuis belle lurette. Il est bien loin le temps où Blachère et ses
fils régnaient en grand maître sur cet univers industriel. Une époque où le
Hussein-Dey, rue Brossette, promenait l’étoffe d’une grande ville
industrielle ou le nouvel Ambert.
Un ton morne et
gris enveloppe cette photo qui nous rappelle les premières manufactures
anglaises de l’époque de la reine Victoria.
On parlera pour
la circonstance, de Mr Bousson, excusez l’orthographe, un
brillant ingénieur diplômé de l’école les arts et les métiers de Paris. Une
éminente matière grise que j’ai eu le privilège de connaître lors d’une visite
effectuée en compagnie de mon père dans l’ex usine Blachère et ses fils,
en 1968. Je venais d’avoir quinze ans.
2.
L’EX USINE SIDESAL – I – LE HUSSEIN-DEY-
Photo prise le 27 août 2015
On distingue
sur la photo la porte d’entrée de l’ex usine SIDESAL d’Hussein-Dey.
Elle présente la forme d’un arc dont le sommet est pourvu d’une nervure,
symbole de richesse et de noblesse, disait-on. Elle est formée d’un claveau et
d’un sommier sur lesquels repose un piédroit. L’extrémité de l’imposte est
projetée vers l’extérieur. Les fenêtres, dites arc en anse de panier, disposent
uniquement d’un claveau. Le voussoir n’étant pas apparent et les parties
saillantes de l’imposte se retrouvent, tout comme celles des portes, dirigées
vers l’extérieur.
Un merveilleux
style artistique où l’architecte aborde un thème d’une même composition
géométrique, peu variée. Chaque ligne, trait, élément … que l’on voit sur la
photo s’accordent à faire parler d’eux et à faire revivre un nouvel art de vivre qui a pour nom SIDESAL.
Une couleur
rouge qui incarne la fureur de vivre du siècle passé. Une couleur blanche,
signe de pureté, de virginité et de paix … Cette fois, SIDESAL aura
résisté tout de même jusqu’à « l’extinction des feux ».
3.
L’EX USINE SIDESAL –II – LE HUSSEIN-DEY-
Photo
prise le 27 août 2015
Un style de
construction importé d’Irlande, que l’on voit généralement dans la Louisiane,
et qui n’est pas sans rappeler l’esprit d’une chapelle. Remarquons la toiture,
ou châssis vitré, une œuvre habilement exécutée où dominent la clarté, la
lumière et l’aération … Tout un art de ferronnerie où brille le vitrage et où
se mêle peu la charpente métallique.
Un vitrail qui
servira également de revêtement pour les différentes toitures ou coupoles de
ces beaux immeubles de la rue de La lyre, de Charras, de Cervantès, de Mulhouse …
et de tant d’autres.
N’oublions pas
les pompes SICLI Afrique, les pompes GUINARD, les pompes MENGI,
les pompes ASTER, les pompes FARGET, les pompes BAYARD,
les pompes LOUNI …
Le narrateur
déplore que l’ex usine DURAFOUR, fer de lance de l’industrie de l’époque,
pourtant située dans la même lignée que ces dernières, ait été privée de photo.
Une expérience
bien originale que le photographe a bien voulu réaliser avec un vieil appareil
photo de marque Kodak, illustre et unique témoin de l’époque. Le développement
de la pellicule a été effectué dans un laboratoire photo à Alger. La qualité de
l’image y est réussie grâce au traitement de bains spécifiques à ce vieux
procédé. Le photographe s’est imprégné du cadre de cette première photo « Jomone »
pour mieux faire ressortir les détails y afférents à cette époque (cliché,
lieu, heure, saison…). Peine perdue, selon les uns. Réussi, selon d’autres. Il
est utile de rappeler que la photo légende n’étant pas en sa possession, ce
jour là. Voyons tout de même ce
que nous offre l’avenir incertain, plus de 60 ans après.
Nous sommes au
mois d’août. C’est la période des congés annuels. Les rues sont désertes en ce
mois de grandes vacances et les ex Ets Brossette sont fermés.
On aperçoit mal sur la photo l’ex immeuble des vins Pernod, à demi-caché
par ce gigantesque ensemble mur-rideau, siège de la firme sud-coréenne HUYNDAI.
On distingue mal également le fameux Pont Lafarge, bel ouvrage des
ingénieurs du génie-civil de l’époque.
5.
LES EX Ets
BROSSETTE ET SES FILS – II – LE HUSSEIN-DEY-
Une couleur d’un
bleu ardoise témoigne encore de la chaleur des vieux murs des ex Ets
Brossette qui conserve à ce jour un arrière goût de l’époque. Comme qui
dirait, une légère touche de Zola qui réapparaît sous un jour nouveau aigri par
l’âge et terni par le nombre des années ingrates.
Longtemps
spécialisés dans la diversification des produits, dits de hautes technicité,
les ex Ets Brossette disposent de toute une gamme variée de
matériaux de construction : fabrication, commercialisation et vente de
profilés en acier, poutrelles, tréfilés, profilés spéciaux, couverture et
habillage métalliques, ciments, dynamite, explosifs et accessoires de tir …
Fondés en 1841,
les ex Ets Brossette furent les premières industries
coloniales à fouler la brousse africaine. Ils porteront la dénomination de F.
Brossette et Cie, des Ets Brossette et fils,
de Brossette Valor et eurent pour conseillers, présidents et
administrateurs généraux, les personnalités suivantes : Henri
Brossette, Paul Brossette, Pierre Lacroix, Franck Cartier, Robert Dussaux, Jean
Marette, Christian Permezel, Pierre Dède … Les ex Ets
Brossette disposent d’un bureau au 40, rue du Président Pré-Gaudy à
Lyon et d’un siège au 7, rue Kléber à Paris (16).
A chaque
nouvelle étape de leur vie de grand-maître industriel, Brossette et ses fils
créent un nouveau look et feront parler d’eux. A chaque moment important de
leur histoire, Brossette et ses fils investissent dans un nouveau
créneau et marquent des points. Qu’ils soient en Afrique noire (Occidentale
ou Équatoriale) en Algérie, en Tunisie ou dans d’autres
contrées lointaines, Brossette, Durafour, Hamelle, Blachère, Ducro d’Oran, L’Union
Industrielle Africaine de Maison-Carrée … auront contribué au
rayonnement du fer, de l’acier, du bronze, de la fonte, de l’aluminium, en Afrique
et ailleurs …
Les ex usines Brossette
Algérie furent absorbées par le géant N° 1 du fer et de l’acier Arcelor
Mittal dont on voit les caractères portés sur les murs de l’entrée de
l’usine. Ce dernier cédera la totalité de ses actions estimées à 70% à l’État
algérien et quittera définitivement l’Algérie.
Souvenons-nous
de ces petites portes de protection en fonte striée, munies d’un fermoir vers
le haut, sur lesquelles on y lit l’inscription Brossette, et qui
serviront de caches pour les compteurs à gaz et à eau que l’on voit jusqu’à ce
jour dans les quartiers populaires d’Hussein-Dey.
Les Ets
Brossette furent représentés sous quatre signes distinctifs :
-
La
première armoirie laisse apparaître un lion majestueusement hissé sur ses
pattes arrières. Un symbole de puissance et de virilité, qui fut à son apogée
en cette fin du XIXe siècle, et qui demeure à ce jour le label des
limonaderies Hamoud Boualem et des ex Cafés Nizière.
-
Le
second logo incarne l’image emblématique de la vieille tradition séculaire
des Biwacht. Une photo légende où l’on voit au loin la silhouette d’un
pionnier suisse aguerri, debout et posant en grand conquérant, sur le sommet
d’une verte prairie helvétique. Un chapeau à large bord sur la tête, un piolet
à la main droite, ce chef louveteau saura véhiculer la légende de l’homme
suisse, digne défricheur des temps anciens.
-
Le
troisième insigne représente une gamme variée de métaux lourds. On y aperçoit
de très près le V de Valor auréolé de deux profilés, en forme
d’ailerons, au niveau de chaque extrémité.
-
Quant
au quatrième et dernier écusson, c’est tout le continent de l’Afrique
Occidentale Française, vu du ciel, et chasse gardée des ex Ets
Brossette, qui est représenté sur une carte de géographie. A sa gauche, on y distingue une vue en perspective des ex usines métallurgiques Brossette .
Implantés dans
la quasi-totalité des terres de l’ex Afrique Occidentale Française,
les ex Ets Brossette attribuèrent à leur division Afrique
l’appellation de Société Africaine des Ets Brossette, de Société
équatoriale des Ets Brossette et de Société tunisienne des Ets
Brossette.
Savorgnan de Brazza, Livingstone, Stanley, furent les premiers
missionnaires à avoir exploré l’Afrique. Brossette aura été sans doute le
premier industriel à avoir jeté les jalons d’une nouvelle ère industrielle sur
le continent africain. L’Afrique a-t-elle su relevé le défi ? Qu’en est-il
aujourd’hui ?à Port-Etienne
actuel Nouadhibou capitale de la Mauritanie.
-
à Dakar
capitale du Sénégal.
-
à Bamako
capitale du Mali.
-
à Conakry
capitale de la Guinée.
-
à Lomé
capitale du Togo.
-
à Abidjan
capitale de la Côte-D’Ivoire.
-
à Ouagadougou
et au Burkina ville et capitale de la Haute-Volta.
-
à Cotonou
et au Dahomey ville et capitale du Bénin.
-
à Zinder,
à Maradi et à Niamey villes et capitale du Niger.
-
à Douala,
au N’gaoudéré et à Yaoundé villes et capitale du Cameroun.
-
à Port-Gentil
et à Libreville ville et capitale du Gabon.
-
à Pointe-Noire
et à Brazzaville ville et capitale du Congo.
-
à Bangui
capitale de la République Centrafricaine.
-
à Fort-Lamy
actuel N’djamena capitale du Tchad.
à Tunis… avenue de Madrid capitale de la Tunisie.
6.
LES ABATTOIRS DE LA RUE DE POLIGNAC -I- LE HUSSEIN-DEY-
Photo
prise le 27 août 2015
Qui aura prédit
un instant que ce sont les grands abattoirs du Ruisseau, que l’on
voit sur la photo ? Construits selon les vieilles techniques de l’époque,
les abattoirs du Ruisseau dissimulent dans leurs entrailles un
véritable abri souterrain. Un enchevêtrement de barres métalliques dans les
sous-sols des abattoirs nous renseigne sur le supplice impitoyable
infligé à ces pauvres créatures avant leur passage à l’acte rituel.
On voit sur la
photo, l’entrée des vieux abattoirs du Ruisseau. C’est ici, que venaient
s’approvisionner la boucherie Alger-viandes du Ruisseau, les
casernes militaires, les cantines scolaires, les réfectoires populaires et
n’oublions pas, Khiar le gargotier du Ruisseau. Même Fuji Film, le leader japonais de la photo, fait partie de la
clientèle attitrée des abattoirs du Ruisseau.
N’oublions pas
la Société Industrielle et Commerciale des Abattoirs Frigorifiques
d’Afrique …(S.I.C.A.F.A) qui fut transférée en 1955 à Ouagadougou au
Mali, sous la dénomination de Usine d’Emballage Industrielle et
Frigorifique et qui se situe loin, derrière les grands abattoirs du
Ruisseau.
7.
LES ABATTOIRS DE LA RUE DE POLIGNAC -II- LE HUSSEIN-DEY-
1928, telle est
l’inscription gravée sur le fronton de l’entrée principale des vieux abattoirs
du Ruisseau. On voit sur la photo de belles maisons de montagne en forme
de chalets, vieille figure d’un passé colonial révolu. Un mode de construction
prédominant dans le sud-est de la France. Elles abritaient à l’étage
supérieur le siège de la direction générale. Au rez-de-chaussée, s’y trouvaient
les services du personnel, des achats et ventes, et des finances …
Naguère, à une
trentaine de mètres de l’entrée, un tourniquet imposait un passage réglementé à
un cheptel à l’allure déchaîné.
8.
LES ABATTOIRS DE LA RUE DE POLIGNAC -III- LE HUSSEIN-DEY-
Photo prise le 27 août 2015
Les grands abattoirs
du Ruisseau. Un nom aux consonances sinistres pour des maisons de
rêve qui réapparaissent de nouveau, comme pour effacer la mémoire indélébile de
ces innocentes victimes. Les vieux abattoirs du Ruisseau, un
hécatombe de têtes de bétail doté d’un équipement sophistiqué en son temps,
toujours performant en ce siècle.
Aux abattoirs
du Ruisseau, il n’y a pas que l’abattage. Il y’a aussi ces beaux chalets
savoyards où viennent se greffer les tiges ligneuses d’une courge qui semble
défier l’atmosphère cruelle et invivable de l’endroit.